ENCORE une église ?!

Eh bien non, pour changer, ce matin, nous débutons par la visite d’un « temple », puisque le « Hugenottenkirche »  est l’édifice religieux que le Markgraf (comte) du doux nom Christian-Ernst a fait construire pour les Huguenots fuyant la France après la révocation de l’édit de Nantes afin de pouvoir vivre leur foi protestante sous des cieux plus cléments que sous le soleil tout-puissant de Louis XIV…  Il est peut-être remarquable que « Kirche » en allemand est utilisé aussi bien pour les églises catholiques que pour les temples protestants (si l’on veut préciser, on rajoute « katholisch » ou « evangelisch »).

A l’intérieur, nous sommes invités à énumérer les éléments qui nous étonnent, par rapport aux édifices religieux que nous pouvons connaître… Nous nous en sortons bien, en constatant tout d’abord que le décor (faut le dire vite !) est d’une sobriété qui saute aux yeux : pas de dorures, pas d’images, pas de couleurs, … et nous apprenons que ce n’est pas faute de moyens mais que dans la foi protestante, les croyants doivent rester concentrés sur  le prêche : cette religion est centrée sur « le mot » (la Bible), et rien d’autre, pas de saints intercesseurs, pas de vénération particulière de la Vierge Marie, mais un lien direct entre créateur et créature…

Vous voyez bien que c’est le contraste parfait avec ce que nous avons vu hier à Vierzehnheiligen (vous vous en souvenez, bien sûr !).

Bon, on constate que les protestants ne manquent pas d’humour pour autant : en français, l’affiche ci-contre, posée à l’entrée, veut dire « Merci d’éteindre votre portable. Nous parlons avec Dieu encore de manière traditionnelle ».

Ensuite, l’ascension de la tour de ce temple, une quarantaine de mètres à vaincre par la force des mollets… une halte émerveillée devant les trois cloches… puis la récompense sous forme d’une magnifique vue sur Erlangen, malgré un peu de brouillard.

S’ensuit une petite visite guidée de la ville, accompagnée par deux guides dont l’une parle le français, non sans faute, certes, et avec certaines difficultés pour trouver ses mots, mais justement, cela ne l’a pas empêchée de s’exprimer (et nous l’avons bien comprise !), et sur des sujets assez complexes de surcroît ! Peut-être devrions-nous nous en inspirer un peu, nous qui préférons généralement nous taire plutôt que de risquer de commettre une erreur …

Nous rentrons dans l’ancien château qui sert aujourd’hui de bâtiment administratif, mais où l’on peut admirer un magnifique tapis mural, un « Gobelinteppich »  (eh oui, là aussi, l’influence des refugiés qui se sont installés à Erlangen). On vous racontera pourquoi il y avait sur les murs souvent plutôt des tapis que des tableaux, malgré la durée de fabrication…

Petite halte derrière le château, face au Schlosspark ensuite, où nous faisons connaissance du principe de l’axe central et de la symétrie requise dans toute réalisation de l’époque baroque.

Dernière station : le Stadtmuseum où nous apprenons beaucoup sur  la manière dont s’est passée l’installation des Huguenots à Erlangen (pas forcément bien vue par les habitants d’origine… on dirait que la discussion sur l’immigration ne date pas d’aujourd’hui!).

Nous voyons également des reconstructions d’ateliers expliquant les différents métiers exercés par les Français et nous comprenons plusieurs choses : tout d’abord les raisons pour la générosité du Markgraf  qui a accueilli les refugiés français en grande pompe, leur construisant toute une ville nouvelle. Comme il voyait les métiers de ces Huguenots comme étant des activités « à plus-value », il en espérait des retombées économiques pour sa région – il allait y avoir production de gants en cuir fin, de chaussettes fines (et non tricotées à la main), de chapeaux, …

Ensuite, nous avons vite compris que si ces produits étaient des produits de luxe, la  vie de leurs producteurs n’était pas luxueuse du tout – un fabricant de ces fameuses chaussettes par exemple avait une espérance de vie de trente ans…

Moins déprimant comme sujet : les ateliers d’architecture où nous avons construit, puis présenté au Markgraf et son épouse, des plans pour la fameuse « ville nouvelle » qui devait venir compléter le petit hameau de 500 âmes qu’était Erlangen à l’époque… Nous avons tous eu droit aux félicitations du jury pour avoir réinjecté nos connaissances sur la symétrie !

Après toutes ces saines occupations, nous retrouvons nos corres pour des programmes variables selon les emplois du temps des familles …