Plongée dans un univers inconnu…

Sur le menu aujourd’hui : découverte historique et culturelle de Erlangen ! Dans une ville magnifiquement illuminée par les couleurs automnales, nous nous retrouvons devant la Hugenottenkirche (le temple huguenot).

Deux guides germanophones vont nous expliquer tout plein de choses – auf Deutsch : accrochez-vous ! Mais heureusement, il y a des interprètes dans le coin… sachant que parfois, l’incompréhension n’est pas liée à des problèmes linguistiques mais au simple fait que, en France, les faits religieux et les histoires bibliques ne sont pas enseignés à l’école, comme c’est le cas en Allemagne : d’ailleurs, le professeur allemand qui s’est joint à nous pour cette matinée, enseigne le « Französisch » et la « Religion », de la « 5. Klasse » (entrée au Gymnasium, au niveau de notre collège) à la « 12. Klasse » (équivalent de la terminale)…

Ce qui vous frappera, comme nous, à la vue de ces images, c’est l’extrême dépouillement de l’intérieur, puis sans doute l’impressionnante chaire depuis laquelle le pasteur dit la  bonne parole à  ses ouailles.

C’est qu’il ne fallait pas que les ornements et les couleurs que l’on trouve dans les églises catholiques détournent l’attention des croyants de ce qui est essentiel dans le protestantisme, à savoir « Le Verbe » / « das Wort ». Ici, point de « Personenkult », culte des saints ou d’intercesseurs de toute sorte : le lien entre croyant et Dieu est vu comme direct et chacun est immédiatement responsable devant Dieu de ce qu’il fait de sa vie : on nous explique que c’est aussi pour cela que les disciples de Calvin avaient une éthique bien particulière du travail et de la réussite… une discipline et volonté de réussir dont on nous reparlera plus tard au Stadtmuseum.

En attendant, nous montons dans la tour pour nous aérer l’esprit, après tant d’efforts intellectuels ! Après une montée de plus de 45 mètres, par des escaliers grinçants, très raides  et plus ou moins étroits, nous nous retrouvons bien récompensés pour notre courage : une vue magnifique sur la ville s’ouvre à nous (il ne faut juste pas trop s’approcher des grilles du bord : c’est assez vertigineux…).

Pour nous remettre de toutes ces émotions (car certains d’entre nous ont même affronté – et vaincu – leur peur du vide, chapeau !!!), nous revenons sur terre ferme et traversons à pied la « Neustadt / ville nouvelle » pour entrer au Stadtmuseum, le musée municipal, qui se trouve à l’orée de la Altstadt (vieille ville).

Ici, on peut trouver plein d’explications et d’illustrations, sous forme de cartes, images et objets jusqu’à des mises en scène très réalistes, qui permettent d’imaginer la fuite des Huguenots après la révocation de l’édit de Nantes sous Louis XIV et leur arrivée à Erlangen sur invitation du Markgraf (margrave)  Christian Ernst. Ayant reçu la demande de secours envoyée par Calvin aux princes protestants afin qu’ils accueillent les réfugiés, il vit là une excellente opportunité pour revitaliser une région que la guerre de Trente Ans avait laissée exsangue : les Huguenots, avec leur éthique de travail et leurs savoir-faire devaient permettre d’installer des industries florissantes… Ainsi les invita-t-il à Erlangen, en leur offrant le refuge, un temple et la construction d’une nouvelle ville.

Au musée, nous avons donc assisté (et mis la main à la pâte) à des démonstrations de métiers comme celui de « Strumpfwirker » qui confectionnaient les bas portés par les notables ou celui de « Handschuhmacher » qui fabriquaient des gants pour ces mêmes nobles, hommes et femmes, qui les portaient non pas pour protéger leurs mains mais juste pour cacher la peau nue (la nature étant mal vue au baroque : il fallait la sublimer par des artifices). En cuir de chevreau très fin et blanchi par un procédé secret, ces merveilles ne tenaient pas plus qu’une journée, d’où des débouchés intéressants…

Après cette plongée dans le travail manuel, nous avons joué aux architectes et réfléchi par équipes, dans un jeu de rôle, à une « Planstadt » (ville sur plan) idéale que nous devions proposer au margrave et son épouse, en costume d’époque, s’il vous plaît !

A la fin de cette matinée si riche en enseignements, retour dans les lycées pour retrouver nos corres : à demain pour une nouvelles excursion dans la région !